Artiste et photographe, Rena Greenblatt rejoint à Florence son père Simon et sa belle-mère Ingrid pour une semaine de promenades parmi les splendeurs de la Renaissance. Mais l'idylle n'est pas au rendez-vous. Naguère scientifique brillant, Simon est désormais un homme fatigué à l'élocution hésitante, et sa femme - solide nature batave - semble peu réceptive aux chefs-d'oeuvre toscans. Le couple parental traîne la patte. Et Rena, toute au regret de Paris et de son jeune amant Aziz, s'impatiente. Alors lui viennent quantité de souvenirs, fantasmes et pensées secrètes qu'elle ne petit partager qu'avec Subra, son "amie spéciale", son double, son invisible confidente.[Résumé de l'éditeur]
Quelle déception ! Après un intelligent et sensible Lignes de Faille, Infrarouge m'a déçu par son manque de subtilité et son style plat.
Il est évident que Nancy Huston a voulu établir dans ce roman un parallèle entre le voyage touristique et le voyage intérieur de son héroïne. Rena déroule ses souvenirs, ses tourments, ses errances et ses conquêtes au fur et à mesure que défilent devant ses yeux avertis de photographe les merveilles florentines et toscanes. Cependant, l'introspection devient très vite une énumération de fantasmes, prouesses, jeux et autres traumatismes sexuels. Rena se veut une héroïne féministe mais sa cause est surtout le prétexte à toutes ses errances et à tous ses excès.
Quant à l'omniprésence de Subra, amie imaginaire et double de Rena, je l'ai trouvé pesante. Les personnages secondaires auraient gagné à être développés, nuancés mais ils manquent d'épaisseur et ne servent finalement que de faire valoir à Rena, héroïne toute-puissante.
Dans un langage cru et trivial Infrarouge évoque, en vrac : le sexe (beaucoup), la maternité, l'éducation des hommes, la famille, les "événements" français de 2005. Si certaines réflexions sont incontestablement bien vues, d'autres frôlent la caricature, sentent bon le manichéisme et le jugement à l'emporte-pièce.
Malgré les bonnes critiques qu'il a reçu, j'ai été très déçue par ce roman que j'ai trouvé très bien-pensant dans son fond malgré une volonté affichée de choquer par des termes crus, des scènes de violence et de sexe à profusion.
Dans le viseur elle voit ce qui, à l'air libre, lui échappe. En l'occurrence, la détresse dans les yeux de sa belle-mère. Un vrai abime de détresse et d'insécurité, qui s'évanouit dès qu'elle baisse son appareil.
Tu es ici et pas ailleurs. Pourquoi es-tu toujours persuadée que le palpitant se passe ailleurs ?
Ce billet est une de mes participations au Défi des auteurs canadiens - D'un océan à l'autre (province Alberta).
1 De Delphine -
Le seul Huston que je n'ai pas lu, il faut dire je n'en entends que du mal et j'ai beaucoup moins aimé ses derniers livres, donc....
2 De t0xy -
Si l'oeuvre de Nancy Huston vous intéresse voici une info pour vous (moi je l'ai adoré) :
Les Variations Huston
spectacle théâtral et musical d'après les Variations Goldberg de Nancy Huston
Lors d'un concert, six personnages issus du roman de Nancy HUSTON, Les Variations Goldberg, livrent leurs voix et leurs musiques intérieures.
Une complicité étroite se noue entre le texte et les arpèges de BACH, les riffs de Bob DYLAN et Lou REED, les chansons de Claire DITERZI et Daniel DARC.
Avec : Claire VIDONI - Rémi JOUSSELME (guitare) - Mise en scène : Marc WYSEUR
Du 6 janvier au 6 mars 2011
à La Folie Théâtre
6 rue de la Folie Méricourt - 75011 Paris (métro Saint Ambroise)
- à 19h00 du jeudi au samedi
- à 15h00 le dimanche
Liens pour plus d'infos :
http://www.folietheatre.com/?page=S...
3 De mrs pepys -
Ravie de voir que je ne suis pas la seule à n'avoir pas beaucoup aimé.