L'autre fille - Annie Ernaux

l'autre fille

5 étoiles

L'histoire
A Yvetot, un dimanche d'août 1950. Annie a dix ans, elle joue dehors, au soleil, sur le chemin caillouteux de la rue de l'Ecole. Sa mère sort de l'épicerie pour discuter avec une cliente, à quelques mètres d'elle. La conversation des deux femmes est parfaitement audible et les bribes d'une confidence inouïe se gravent à jamais dans la mémoire d'Annie. Avant sa naissance, ses parents avaient eu une autre fille.[Résumé de l'éditeur]

Mon avis
Ce roman quasi-psychanalytique m'a séduit tant sur le fond que sur la forme. Par le biais d'une longue lettre destinée à sa sœur décédée avant sa naissance, Annie Ernaux nous fait découvrir avec beaucoup de pudeur et une certaine forme de recul le traumatisme qu'a créé la découverte fortuite de cette "autre fille". Dans ce récit délicat dont se dégage douceur et douleur Annie Ernaux nous parle non seulement de sa sœur dont elle ne sait finalement que peu de chose mais aussi de son enfance et de son rapport complexe à sa mère et à "l'absente".

L'auteur fait, avec une maitrise absolue des mots, d'une histoire singulière et intime un récit presque universel sur les sentiments ambivalents qui sous-tendent les relations mère-fille et sur les non-dits qui écrivent les histoires de famille.

Au final, un récit très introspectif particulièrement bien écrit dont la sensibilité m'a touché.

Notes
Je n'ai pas lu ce livre, je l'ai écouté en version CD. La voix de la narratrice qui se trouve être l'auteur elle-même donne une dimension très intime à ce récit.

Citations
Tu es l’enfant du ciel, la petite fille invisible dont on ne parlait jamais, l’absente de toutes les conversations. Le secret.
Naturellement, je l'adorais. On disait qu'elle était une belle femme et que j'étais de son «côté». Je m'enorgueillissais de lui ressembler. Je la détestais parfois et je levais le poing devant la glace de l'armoire en souhaitant qu'elle meure. T’écrire c'est te parler d'elle sans arrêt, elle la détentrice du récit, la profératrice du jugement, avec qui le combat n'a jamais cesse, sauf à la fin, quand elle était si misérable, si perdue dans sa déraison et que je ne voulais pas qu'elle meure. Entre elle et moi c'est une question de mots.

Notes
Cette lecture a été faite dans le cadre de Masse Critique organisée par Babelio. Un grand merci aux Audiolib et à Babelio de m'avoir permis de découvrir ce livre.

Masse critique

 


 

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