Et mon coeur transparent - Véronique Ovaldé

Et mon coeur transparent

3 étoiles
L'histoire
Sait-on jamais avec qui l'on vit ? Lorsque Lancelot apprend la mort de sa femme, qu'il aimait à la folie, son univers s'écroule. Et il va vivre un "Très Grand Choc Supplémentaire" en découvrant qu'Irina n'était que mystères. Malgré la violence de son chagrin, l'homme décide d'enquêter sur celle dont il ignorait tout, qui posait des bombes, qui était orpheline d'un père bien vivant, celle qui est morte dans la voiture d'un inconnu... [Résumé de l'éditeur]

Mon avis
Véronique Ovaldé traite ici avec une très grande originalité et un style particulièrement décalé un thème classique de la littérature : "connait-on réellement les êtres que nous côtoyons chaque jour ?". Et mon cœur transparent se passe dans des lieux imaginaires à une époque indéterminée que l'on devine contemporaine, et flirte avec le fantastique. Les personnages sont attachants et leur description psychologique est très fine, toujours juste. Lancelot, personnage lunaire est, je trouve, une grande réussite.
Toute la force de ce roman réside donc dans le style, très particulier, où l'auteur prend de grandes libertés avec la narration, la forme et même, il me semble, avec la ponctuation. Cette façon d'écrire si personnelle, si libre peut être dérangeante pour certains mais personnellement, j'adore.
En revanche, je suis restée un peu sur ma faim en ce qui concerne l'histoire que j'ai trouvé un peu plate et manquant de souffle. Je m'attendais à mieux, j'avoue, de la part de quelqu'un qui met autant de fantaisie dans sa description du quotidien, qui sait si bien se jouer des frontières entre le réel et l'imaginaire. Au final, et mon cœur transparent est un roman agréable et surprenant mais qui est loin d'être aussi abouti que "Ce que je sais de Vera Candida". Reste que Véronique Ovaldé est un auteur à suivre, définitivement.

Citations
Il sent la sueur de son corps qui refroidit et s'évapore. Il frissonne. Le pont c'est un endroit à fantômes. L'air est limpide et mon cœur transparent. Lancelot s'accoude au parapet rafistolé. A-t-elle pensé à moi au moment où tout s'est éteint ?

L'écriture d'Irina est partout, elle écrivait les recettes sur n'importe quel support, le verso d'un emballage de biscottes, le dos d'une enveloppe. Certaines recettes doivent dater de ses toutes jeunes années quand elle était encore obligée de noter que pour reconnaitre de l'eau bouillante il lui fallait attendre "de grosses bulles + ploup ploup". Lancelot les classe en tas, il les lit et espère dénicher quelque chose de personnel, une remarque amusante, une date, n'importe quoi. C'est alors qu'il tombe sur, coincée entre la brandade de morue et le poulet au curry (recettes récoltées à l'époque où elle n'était pas encore végétarienne), écrite de la main d'Irina (de grandes lettres inclinées à droite, les barres horizontales des T qui servent de toit aux autres lettres), c'est alors qu'il tombe sur la recette du napalm.

Il lui avait tendu la main et il avait dit, C'est bizarre, les femmes, ça voudrait toujours être la plus maigre de l'assemblée. Elle avait souri encore et conclu, Ne t'inquiète pas, je m'arrange avec mes déceptions.

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