Dans un village du sud de l'Espagne, une lignée de femmes se transmet depuis la nuit des temps une boîte mystérieuse... Frasquita y découvre des fils et des aiguilles et s'initie à la couture. Elle sublime les chiffons, coud les êtres ensemble, reprise les hommes effilochés. Mais ce talent lui donne vite une réputation de magicienne, ou de sorcière... [Résumé de l'éditeur]
Le bandeau sur la couverture annonçait : "un premier roman, neuf prix littéraires". C'était très prometteur et j'ai effectivement eu un coup de cœur pour ce récit extraordinaire. Extraordinaire dans tous les sens du terme.
Le cœur cousu n'est pas à proprement parler un roman, c'est plutôt un conte, un conte fantastique.
Dans une Espagne de carte postale et hors du temps (même si on devine que l'histoire se passe vers la fin du XIXème siècle) l'on croise encore des sorcières, des malédictions, des boîtes mystérieuses et des dons surnaturels. Le cœur cousu est une histoire de femmes : elles sont au centre de tout et possèdent les secrets du monde mais elles ne maitrisent pas leur destin : elles sont jouées, perdues et abusées. Frasquita, l'héroïne est tour à tour libre, résistante, vacillante. C'est aussi et avant tout une mère méritante.
Carole Martinez est dotée d'une grande sensibilité et d'une belle écriture très fluide qui sait se faire oublier au profit d'une histoire dense relevée par une pointe de surréalisme. On se laisse très vite emmener par son imaginaire et par le destin agité de la couturière Frasquita et de ses nombreux enfants.
Très sensible, très délicat, ce livre est de la dentelle cousue par une conteuse hors pair. C'est très beau, très riche et c'est un grand succès très mérité. On pense en le lisant à Cent ans de Solitude Garcia Marquez. J'y ai également retrouvé la poésie qui m'avait tant plu dans Ce que je sais de Vera Candida de Véronique Ovaldé.
Finalement la seule chose que je déplore dans ce roman est une quatrième de couverture trop bavarde.
Mais il est d'autres récits. Des récits souterrains transmis dans le secret des femmes, des contes enfouis dans l'oreille des filles, sucés avec le lait, des paroles bues aux lèvres des mères. Rien n'est plus fascinant que cette magie apprise avec le sang, apprise avec les règles. Des choses sacrées se murmurent dans l'ombre des cuisines.
C'est presque attendrissant, ce visage ravagé qui vous vient soudain, cette lourde fatigue, ces tranchées sous lez yeux, ces traces d'un combat perdu en votre absence, durant votre sommeil.
Le silence de la nuit s'est posé sur ma page. Du silence et rien d'autre. J'entends, dans le désert de ma vie, battre mon cœur ensablé.
Il aurait mieux valu ne rien rêver, la dépouille de leur rêve mort putréfiait la vie réelle
1 De Jostein -
J'ai lu et aiméce roman il y a quelques mois. Et j'ai d'ailleurs bien envie de lire le dernier roman de cette auteure. J'aime aussi Ovaldé donc, si tu ne connais pas, tu devrais aimé Un bûcher sous la neige de Susan Fletcher.
2 De Griotte -
Oui c'est vrai que l'on pourrait plus appeler ce livre un "conte". J'ai hâte de découvrir son nouveau roman !
3 De Quartier Livre -
@Jostein. Merci pour l'idée de lecture. Je note surtout que ce n'est pas la première fois que j'entends parler de ce livre.
@Jostein et Griotte.
J'ai lu "Du Domaine des murmures" et il s'agit d'un excellent roman même si, à mon gout,il est légèrement en-dessous du cœur cousu. Normalement, ce doit être mon prochain billet.